(1 ère partie)
Attention “SPOILERS”! Le verbe divulgâcher est apparu dans le dictionnaire en 2019. Cette contraction des mots: divulguer et gâcher convient pour éviter au mieux les anglicismes.

Introduction:
Tous les 7 décembre (jour de la Saint Ambroise patron de Milan) a lieu dans cette ville la soirée de gala de l’ouverture de la Saison Lyrique, au mythique théâtre de la Scala. Cette année, l’Opéra “Macbeth” de Verdi était au programme, en voici une humble présentation.

Cette œuvre est disponible en visionnage sur la chaîne de télévision franco-allemande ARTE. ttps://www.arte.tv/fr/videos/104870-001-A/macbeth-de-verdi-a-la-scala-de-milan/ Avoir le privilège d’assister à ce spectacle d’exception, installée au fond d’un fauteuil de salle à manger, est sans commune mesure. En décembre 2020, en plein confinement, j’avais déjà eu l’honneur de visionner leur spectacle donné à huis-clos: “A riveder le stelle” (“Pour revoir les étoiles”) offert en Mondovision.

Merci à tous ceux qui rendent accessible la culture jusqu’au fond des campagnes. L’actuelle Ministre de la Culture Madame Roselyne Bachelot, grande fan d’opéra, en serait-elle l’inspiratrice?
Loin d’être une amatrice des spectacles lyriques, les deux fois, je fus captivée par ces grandioses représentations. La musique, dirigée par Riccardo Chailly, me trotte encore dans la tête. Un autre point fort est le fabuleux casting. Quelles voix! Certaines expressions des visages et les attitudes de ces très grands artistes sont capturés pour toujours dans mes photos de choix. Quant au décor impressionnant, à la mise en scène audacieuse, ils concourent à qualifier la représentation d’exceptionnelle. D’ailleurs, la critique est très positive, les artistes ont été ovationnés (quelques sifflets ont sanctionné la mise en scène de Davide Livermore, à ma tristesse).
Mon rêve de vivre un spectacle dans une arène grecque perdure, depuis mes vacances, à Taormine, Sicile. https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9%C3%A2tre_de_Taormine

La télévision ne pourra jamais égaler l’expérience du direct, mais vu les circonstances actuelles de pandémie… Le directeur de la Scala Dominique Meyer affirmait: “Je voudrais que notre première soit comme une lumière pour maintenir la flamme afin que l’on comprenne qu’un jour finira ce cauchemar”. Ce but est acquis à mon humble avis.

L’oeuvre:
Macbeth est un opéra en quatre actes créé par Giuseppe Verdi inspiré de la tragédie de William Shakespeare. Il fut représenté pour la première fois le 14 mars 1947, à Florence. Entre 1839 et 1851, Verdi écrivit 14 opéras, Macbeth est le dixième, et certainement avec Nabucco un chef-d’œuvre. Si la version choisie par la Scala correspond à celle jouée à Paris en 1865, au quatrième acte a été ajouté la mort de Macbeth (version de1847).

Verdi a composé un opéra romantique car sont trouvées des scènes de sorcières, d’hallucination, de grotesque mêlé de grandeur, de désillusion, mais aucune histoire d’amour malheureuse.
Le sujet:
Cette intrigue d’amour, de haine et de soif de pouvoir est facilement transposable dans l’actualité d’aujourd’hui. Davide Livermore précise: Lady Macbeth “pousse son mari à commettre de multiples meurtres pour décrocher la couronne. C’est un événement très grave, tragique, malheureusement: “Ce drame universel” sur une “tyrannie barbare” pourrait se jouer “à New York, Singapour ou Milan, car face à la dictature, les êtres humains sont tous dans le même bateau”.

Le décor :
Disparues l’écosse médiévale du XI e siècle, la lande battue au vent, les sorcières qui prothétient au-dessus d’un chaudron magique, les scènes sont transposées aux années 1920-1930.

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Seule la musique accompagne et souligne les faits et gestes des protagonistes: coups de sabres, coups de feux guerriers, portes qui claquent. Le son tout à la fois mystérieux, dynamique, chantant devient parfois tonitruant. Le vent qui souffle, durant tout le spectacle, participe à créer une atmosphère angoissante.


Mais non, ce n’est pas l’Italie! Le décor nous transporte devant un panorama de gratte-ciels rappelant une ville américaine comme New-York. La période est donc celle de la prohibition et le lieu d’action les Etats-Unis .
La mise en scène:
Le spectacle qui se développe sous nos yeux est d’une grande complexité, les décors monumentaux et surréalistes.

Davide Livermore fait appel à un jeu de machineries avec plusieurs plateaux qui montent et qui descendent , des ponts métalliques, une cage d’ascenceur centrale concentrant plusieurs scènes clés.
Une foule d’hommes et de femmes d’affaires, en bleu, dans une danse chorégraphiée, courre à sa besogne ou erre dans tous les sens, au sein “d’un gigantesque labyrinthe, métaphore des chemins tortueux dans lesquels s’égare leurs esprits”.

Les buildings reflétés dans le ciel , les multiples transformations de la configuration des lieux effacent les frontières entre l’apparence et le réel. “Illusion et réalité une humanité schématisée au possible où le pouvoir rend fou “précisait une critique.

“Nous voulions démontrer la modernité presque abrasive de Macbeth, avec une fraîcheur, une théâtralité, qui est même parfois alarmante”, explique le directeur musical de la Scala.

Un critique notait avec justesse: “La combinaison des images vidéos sur lesquelles se superpose la cage d’ascenseur habilement utilisée, reste impressionnante. Il réussit à exprimer le vertige qui s’empare des assassins, leur déraison, leur chute dans un espace halluciné sans apesanteur”.

Y s’y ajoute un univers de décors vidéo en très grand format qui plongent les héros et les tableaux collectifs dans un univers parallèle de science fiction, à qualifier parfois comme ci-dessus d’apocalyptique. L’intention de Davide Livermore est de situer l’intrigue dans un univers inspiré des films de Christopher Nolan, et plus précisément “d’Inception“.

La demeure de Macbeth se compose d’un immense salon, entouré de très hautes baies vitrées, de statues…

au style précieux, très chic de type Art Déco des années 1920-1930.

Un critique qualifiait l’ambiance très esthétique “souvent juste, toujours élégant et d’une grande puissance poétique”. Le déroulé du spectacle s’effectue en crescendo, dans un rythme spectaculaire, ponctué d’effets spéciaux visuels spectaculaires: ciels tempétueux, éclairs, feux….

La musique accentue la surprise provoquée par les effets visuels et augmente l’effet dramatique…


Du grand spectacle, très impressionnant, dont il reste à parler des points forts, de la musique tenue par de grandes voies lyriques, un grand orchestre avec son chef Riccardo Chailly.
8 Comments
Michele Marsh · December 20, 2021 at 3:06 pm
Your screen shots are great! As you know this is my fav Shakespeare play. You’ve really captured the essence of the play
radaghast · December 20, 2021 at 8:47 pm
I tried. Thank you, Nefertiti! Rendez-vous to part 2 but when…
Michele Marsh · December 21, 2021 at 6:33 pm
I’m working on it Squirrel. I love how you put your heart and soul in these posts so I want to do it justice
radaghast · December 21, 2021 at 9:29 pm
Au moins, j’ai pu prolonger ma soirée de détente en la partageant avec qui s’aventurera ici; tout en m’instruisant de manière succincte sur l’histoire de “Macbeth”.
Serv · December 23, 2021 at 4:04 am
Macbeth really IS an eternal story and this looks like a neat staging. Hopefully I will have a chance to seek it out sooner or later. It also looks like the updated scenery, costumes and staging really worked here.
radaghast · December 23, 2021 at 12:36 pm
Exactement.
Assister à la représentation d’une œuvre, où du début jusqu’à la fin chaque instant parait crédible, logique est un moment exceptionnel qui rend serein. Cette sensation permet d’adhérer complètement au spectacle, d’être en phase avec. C’est accéder à la “vérité” du metteur en scène.
Rachel · December 31, 2021 at 11:47 pm
I applaud your writing again, thank you for another good blog post x
radaghast · January 1, 2022 at 11:35 pm
Merci! A moi de reprendre la souris pour finir cet article, vous m’y encouragez avec beaucoup de gentillesse.