Parmi toutes les cités martyres qui ont connu une avalanche de bombes, je garde en mémoire Brest et Dresde. Les deux poètes Jacques Prévert et Bertolt Brecht ont su admirablement dénoncer, grâce à des mots très simples, l’horreur qu’elles ont subi, lors de la seconde guerre mondiale. Malheureusement, la ville ukrainienne de Marioupol subit aujourd’hui le même sort .
BREST
“Barbara” (1950) musique de Joseph Kosma, poème de Jacques Prévert, interprétes Les Frères Jacques
paroles:
“Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Epanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t’ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle toi quand même ce jour-là
N’oublie pas
Un homme sous un porche s’abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante, ravie, épanouie
Et tu t’es jetée dans ses bras …
… Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m’en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j’aime
Même si je ne les ai vus qu’une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s’aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N’oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l’arsenal
Sur le bateau d’Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu’es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
D’acier et de sang…
… Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara …
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Brest_%281944%29
… Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé
C’est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n’est même plus l’orage
De fer d’acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l’eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.”
DRESDE
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bombardement_de_Dresde
“Die Bitten der Kinder” (1951) poème de Bertolt Brecht, musique de Paul Dessau.
“Die Häuser sollen nicht brennen.
Bomber sollt man nicht kennen.
Die Nacht soll für den Schlaf sein.
Leben soll keine Straf sein.
Die Mütter sollen nicht weinen.
Keiner sollt töten einen.
Alle sollen was bauen.
Da kann man allen trauen.
Die Jungen sollen`s erreichen.
Die Alten desgleichen.”
La prière des enfants
“Les maisons ne devraient pas brûler.
Vous ne devriez pas connaître les bombardiers.
La nuit devrait être pour dormir.
La vie ne devrait pas être une punition.
Les mères ne devraient pas pleurer.
Personne ne devrait tuer un autre.
Tout le monde devrait construire quelque chose.
Là on peut avoir confiance en chacun.
Les plus jeunes devraient pouvoir l’accomplir.
Les plus vieux aussi.”
Plead of the Children
“Houses should not burn.
Nobody should know about bombers.
Night should be for sleeping.
Living should not be punishment.
Mothers should not cry.
None should kill anyone.
Everyone should build something
Then one could trust everybody.
The youth should achieve it.
And so should the old.”
4 Comments
Serv · March 21, 2022 at 2:57 am
Thanks for posting — I did not know that Brecht poem.
radaghast · March 21, 2022 at 1:11 pm
Certaines chansons deviennent le symbole de l’évènement relaté.
Michele Marsh · March 21, 2022 at 12:04 pm
This is an excellent point about the humanity of the situation the children who are getting killed, displaced obviously deeply traumatized by this invasion
That seems to get lost in all the rhetoric
radaghast · March 21, 2022 at 1:22 pm
Les nouveaux moyens d’informations ne nous laissent plus dans l’ignorance. Reste qu’ils font appel à nos affects “La géopolitique des émotions” de Dominique Moïsi.